mardi 22 mai 2018

Il était une mauvaise foi: annexes K, L, M, N et bibliographie

K. PETIT APERÇU DE L'AVENIR le plus probable de l'édition française

Si vous vous demandez à quoi ressemblera demain l'édition française, je peux vous en faire un portrait hurlant.. de terreur et d'abjection. Cela s'est produit le 10 février 2014. Une heure après cette rencontre anhistorique, j'avais encore des nausées et, depuis, je traîne un vague relent qui ne se dissipe pas tout à fait. Je vais donc essayer de ne pas avoir le mal de mer, en vous racontant "ça" par le menu.

Suite à une rencontre hasardeuse qui a mené à une autre puis une autre, je suis tombé dans le collimateur d'un individu qui a pour "projet" de devenir éditeur. Dans la mesure où il n'y connaît strictement rien (et qu'il est parallèlement en train de monter un "projet" consistant à "faire payer des artistes" pendant le festival d'Avignon1), il cherche des futurs collaborateurs (c'est-à-dire, des gens qui pourront faire le boulot à sa place) ; bref, il était intéressé par mon "profil" (pour parler comme un D.R.H. ou un personnage de série-télé américaine).
Décrivons le personnage, que j'appellerai ici le Dr T.2 Il a la trentaine finissante, de l'énergie à revendre (frôlant la maladie de Parkinson) ; il est toujours en train de parler, physiologiquement incapable d'écouter autrui ou de rester en place plus d'une minute3 ; ne laisse jamais finir les phrases de ses interlocuteurs, estimant qu'il a le droit de leur couper la parole parce qu'il sait "d'avance ce que vous pensez" ; ce qui ne l'empêche pas de prétendre à tout bout de champ qu'il veut connaître votre avis (sauf que, quand vous vérifiez s'il a compris, il se met à parler d'autre chose) ; évoque sans cesse ses commanditaires et clients, dont il ne donne jamais l'identité ni la fonction (ce sont des "gens sérieux ; mais attention, je respecte les artistes, moi" ; ce qui ne l'a pas empêché de vous poser un lapin parce qu'il avait des "financiers à voir, et que ce sont des gens avec qui on ne peut pas plaisanter") ; il a le mot respect en permanence au bord des lèvres, comme s'il se retenait de le vomir par inadvertance ; il est capable de vous dire sans rire "j'ai demandé l'autorisation pour toi ; c'est bon, j'ai le feu vert" sans dire de quoi ni par qui vous devez être autorisé ; il mentionne toutes les dix minutes les "trucs super qu'il a dégotés" mais fait le mystérieux quand on lui demande de quoi il s'agit exactement ; il est presque inculte, allant jusqu'à se prétendre autiste pour justifier d'une dyslexie carabinée qui rend ses e-mails quasi incompréhensibles ; incapable de reconnaître qu'il devrait déléguer ce qu'il ne sait pas faire, pas plus capable de reconnaître quand il se trompe, estimant que vous êtes "dithyrambique4" si vous lui signalez ses très nombreuses fautes (en moyenne deux par mot), et ne parlons même pas de ses lacunes, qui convergent vers l'infini ; et, accessoirement, il ne tient jamais ses promesses. Quant à son cabinet d'expert-conseil en logiciels informatiques, bien qu'il existe depuis quatre ans, il n'a déclaré aucune activité.
Je continue à brosser le portrait ou vous l'avez reconnu ?
Eh bien non, ce n'est pas Sarkozy. Du moins, pas le "vrai". Ce n'est qu'un de ses nombreux, grouillants et gesticulants admirateurs. La énième photocopie du modèle suranné oublié dans la machine en 2012. C'est lui, le représentant en marche de l'élite économique de demain. L'homme pressé de vous pressurer. Celui qui a une "montre à quarks" à la place du cerveau.
Et ce n'est pas non plus l'éditeur français moyen ; car au moins, l'éditeur français moyen a le goût (relatif) de reconnaître que la loi lui préconise de respecter les droits de ses auteurs, même s'il ne le fait pas vraiment ensuite ; l'éditeur français moyen connaît la loi (ou bien il paye des gens qui la connaissent) et se doute qu'une partie de ses auteurs la connaissent aussi ; il sait que s'il commet une bourde grossière, l'auteur fâché pourrait bien le poursuivre en justice, ce qui n'est pas bon pour l'image de marque. Le Dr T., lui, l'image de la marque, il s'en tape, puisque c'est la marque qui le paye ; il n'a pas la moindre intention (je veux dire qu'il le déclare, devant témoins, mot pour mot, sans sourciller ni déglutir) de respecter les droits des auteurs qu'il va publier. Il estime que vouloir faire ça, c'est "penser comme un vieux de 70 ans". Non seulement il le dit devant témoins mais il l'enregistre même dans un dictaphone.
Ah, oui, j'avais oublié de vous dire qu'il enregistre tout ce qu'il fait ; j'avais peur que vous ne me croyiez point. Afin de vous donner une idée de l'existence palpitante que mène le Dr T., apprenez que l'intro' de son enregistrement du jour consistait en ces mots : "Aujourd'hui, 10 février 2014, réunion informelle sur le projet d'édition, avec *** et Alfred Boudry5. Vous allez pouvoir écouter les idées qu'on va mettre en place.. Euh.. Bon, c'est parti."
C'est qui, "vous" ?
Vous en connaissez beaucoup, des gens qui font écouter à autrui les conversations "informelles" qu'ils ont avec des collaborateurs putatifs ? De trois choses, l'une : ou ce type est mythomane, ou il est paranoïaque, ou il est téléguidé. Non ?
Ajoutons à cela que, lorsque je lui ai signalé – par pur souci d'information – que le fait d'enregistrer quelqu'un sans son consentement pouvait constituer une violation des Droits de l'Homme, il a haussé les épaules en précisant bien qu'il s'en foutait, qu'il y avait des "trucs plus importants". Pour qui ?
Précisons en passant que l'objet de la réunion en question était que je lui dresse un portrait de l'édition française et que je lui explique les droits et les devoirs d'un éditeur français vis-à-vis de ses auteurs. Vous apprécierez l'implication du Dr T. dans son futur "métier" quand vous saurez que, durant les cinq minutes trente secondes de l'entretien, je n'ai pas réussi à terminer une seule phrase, puisqu'il les a toutes balayées d'un revers de main, les remplaçant par "Non, mais nous, c'est pas comme ça qu'on va faire !"
C'est qui, ce "nous" ?
Il est fort probable que, par "les idées qu'on va mettre en place", il voulait dire les idées de mes patrons que je vais vous fourrer au fond du crâne en passant par le cul. Les années 1980 et 90 avaient produit quelques curiosités : le notaire surgi du néant voulant devenir éditeur à coups de rachats de vieilles maisons (il a fini suicidé dans une voiture) ; ou l'ex-patron d'une usine de bonbons qui organisait ses conseils d'administration les nuits de pleine lune... Les années 2010 innovent, en ce sens qu'elles défèquent sur le marché une nouvelle génération de futurs éditeurs ; ceux qui ne savent même pas ce qu'est un bouquin.

Voici maintenant quelques indices pour tenter de deviner quel marionnettiste tire les ficelles du Dr T. (je vous épargne les divers borborygmes, atermoiements et airs de conspiration dignes d'un film de gangsters français de série-B des années 50) : il appert donc qu'il agit pour le compte d'un grand groupe de distribution qui se trouve être au 2e rang mondial de son domaine. Pas Wal-Mart ; l'autre. Celui dont le nom évoque un croisement.
Il ressort donc de la logorrhée inepte du Dr T. que l'avenir de la librairie en France passe par les supermarchés, qui vont bientôt adopter une formule "innovante et révolutionnaire" (à traduire du jargon publicitaire ; sens réel : "débile et débilitante"), adaptée à la "nouvelle réalité économique" (vous avez remarqué ? l'économie n'est plus "un marché" mais "la réalité" ; sous-entendu, si vous la niez, c'est que vous vivez dans l'illusion, que vous êtes fous). Et la réalité, c'est celle des "espaces culturels" à l'intérieur des supermarchés. Chic ! Vous allez pouvoir acheter les livres du Dr T. en même temps que votre viande industrielle, vos yaourts sans matière et vos packs de chaussettes pré-trouées. Et, bien entendu, le fait que les dernières vraies librairies vont disparaître précisément à cause de cette pseudo innovation culturelle n'a pas à être pris en compte. C'est le "progrès", celui que personne ne peut arrêter, pas même la police de la pensée.
Plus "beau" encore ? Le Dr T. n'hésite pas un instant à déclarer fièrement qu'il a l'intention de vendre "ses livres comme si c'était du dentifrice". Vous noterez qu'il n'a pas le courage (relatif) de dire balais à chiottes ou PQ, mais on est quand même dans la salle de bains.
Vous croyez que c'est tout ? Ajoutons encore deux cerises en plastique sur cette tarte en carton : au moment de partir, la collaboratrice du Dr T. m'explique (sans me regarder dans les yeux) qu'il est "normal de devoir se vendre ; il faut s'adapter à la nouvelle économie". Bien sûr, elle ne prononce pas le mot "prostitution" ; peut-être parce que la prostitution va redevenir un concept respectable, comme le cinéma porno et les bordels chics.
Deuxième cerise : qu'a l'intention de faire le Dr T. si un auteur arrive dans son bureau avec un livre tout prêt à publier, tout bichonné, tout beau, tout bien travaillé, bref, correspondant à ses désirs d'auteur, qui sont ses droits, qui sont donc à respecter selon les termes de la Loi ? Réponse (beuglée dans le dictaphone, avec postillons multi-directionnels et l'Œil-du-Tigre qui s'apprête à bouffer une souris mécanique : "Il dégage ! Je vais pas m'emmerder avec. Et c'est pas ce que veulent mes clients." Je ne change pas un mot. Traduction en français non commercial : je ne publierai pas des livres que je n'aurai pas transformés en merde facile à digérer, avec dedans les idées qui doivent satisfaire mes clients.
Vous aurez noté que les clients du Dr T. ne sont pas les futurs acheteurs de ses livres mais les gens pour qui il travaille. Quand on prend le monde à l'envers, c'est plus facile de lui faire les poches, pas vrai, puisqu'elles sont retournées ?
Attention, je n'ai pas affirmé que le Dr T. était un escroc ; mais si c'était le cas, il aurait le même comportement et s'exprimerait de la même manière, à savoir celle d'une petite frappe de la pègre qui vient de prendre la place de son ex-supérieur, suite à une "défection inattendue".
De quel calibre, la défection ?
Bien sûr, je n'ai aucun moyen de savoir si ce que dit le Dr T. est vrai ou issu de son imaginaire caractériel, mythomane, paranoïaque, sociopathe, imbu de lui-même, dément, fruste, grossier, puéril, chafouin, retors, monomaniaque, obsessionnel, bref : odieux. Mais le fait est que, s'il était un escroc, il ne s'exprimerait pas autrement.
C'est donc lui, le nouvel éditeur de demain : la petite crevure hyper-secouée du bulbe rachidien et intégralement dépourvue de vergogne, qui se croit tout permis parce qu'elle se croit vedette dans un film de Martin Scorsese.

Aujourd'hui, quarante ans après la main mise des gras groupes de distribution sur la littérature française et la culture en général, on assiste donc à l'éclosion d'une nouvelle génération de régurgiteurs de produits culturisés : celle des fanatiques de l'économie rentable, pour qui les êtres humains ne sont rien d'autre que des vaches à traire, des esclaves qui paient leurs chaînes et qui sont priés de trouver ça normal ou d'aller crever. Le plus abject étant que la plupart de ces esclaves les soutiennent pleinement et se proclament heureux de le faire, T-shirt et casquette de marque à l'appui, vocabulaire mafieux à la bouche, les $ et les € clignotant au fond des yeux. Pour eux, c'est vous qui, en défendant vos droits et votre liberté de conscience, n'êtes qu'une vieille merde dépassée, un empêcheur de chier en rond, une relique bonne à enfermer6.
George Orwell et quelques autres avaient bien prévu l'anéantissement de la pensée humaine et son retournement contre elle-même ; mais c'est une chose de le lire dans un livre, et c'en est une autre de le vivre dans la réalité, de voir et d'entendre des consciences réputées humaines se déliter sous vos yeux pour prendre tout à coup la voix du fanatisme le plus demeuré, et vous dire que, si vous résistez, vous allez être broyé et que vous l'aurez bien mérité. Le compromis est désormais non seulement intégré comme moyen "naturel" de survivre, c'est aussi devenu la solution évidente puisque unique. La soumission à l'ordre venu d'en-haut est désormais le seul acte que l'on exige des individus, et on lui prête même la réputation d'être un acte aussi salutaire que volontaire. L'impuissance résignée est devenue la condition sine qua non pour trouver (entendez mériter) un emploi, ce nouveau graal de l'imaginaire social. La démence est devenue la norme. Si vous n'êtes pas d'accord, l'asile et la misère seront votre lot.. et il ne sera même pas de consolation.

Je ne doute pas un instant que le Dr T. (dont, soit dit en passant, j'ignore le vrai nom, puisqu'il n'a jamais daigné le décliner7) deviendra rapidement un gros éditeur, à la tête d'une écurie de bons chevaux de trait bien jeunes, élevés aux hormones de croissance cannibales, aux œillères savamment ajustées, à la culture aussi superficielle que celle d'un parfait soldat. Du haut de son mépris souverain, il régnera sur son cheptel, tel un Vice-Roi sur son peuple soumis par la Terreur, dictant sa Loi divine et foudroyant de sa Vindicte ceux qui osent seulement rêver de dissidence, de droits d'auteur, de dignité, de liberté ; bref, les cons que nous sommes et que nous méritons d'être à ses yeux et à ceux de ses souteneurs courageusement planqués derrière leurs montagnes de fric et des lois putassières.
J'irai même plus loin : étant donné que le record de mauvaise foi a été pulvérisé, anéanti et "reversé dans la stratosphère" par cet individu, je prédis que dans dix ans, il (c'est-à-dire ses marionnettistes du groupe Carrefour8) aura racheté France-Loisirs, Hachette et Havas ; et dans vingt ans, Gallimard sera une marque de PQ. Mais attention ! Pas n'importe quel PQ : du PQ prestigieux et littéraire, du PQ à Goncourt, puisque les romans du futur seront directement imprimés dessus.

Gringo! t´auras rien de nous
De ma mémoire de titan,
mémoire de ´tit enfant ;
Ça fait longtemps que je t´attends.
Gringo ! Va-t-en ! Va-t-en !
Allez, Gringo ! Que Dieu te blesse !
Richard DESJARDINS, Les Yankees

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L. BILAN 2016 de l'(in)activité de mes éditeurs

Donne un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour s'enfuir.
Proverbe afghan ou ukrainien ou kamikaze

Voici quelques anecdotes récentes et parfaitement authentiques qui vous donneront un aperçu (un de plus) de la vie quotidienne des écrivains français :

- Pour la première fois depuis 2008, les éditions L'Atalante ont "oublié" de m'envoyer la reddition des comptes de La bibliothèque nomédienne, ainsi que le règlement des droits de prêt, de l'année 2013 ; comme cet incident fait suite à un autre datant de l'an dernier (le comptable m'avait envoyé la reddition d'un autre auteur et n'avait pas apprécié que je lui demande de... corriger son erreur), on peut se demander si cet oubli en est bien un.
Vous avez pensé "Revanchard... Puéril..." ?

- Les éditions Au Diable vauvert ont un retard de trois ans dans leurs redditions des comptes, en plus du fait que j'ai des doutes sur la validité des chiffres avancés (pourquoi ? eh, tiens ! parce que j'ai travaillé plus de quatre ans aux côtés de Marion Mazauric, donc je sais "ce qu'elle vaut"). Le problème, c'est que je ne peux vérifier ces chiffres qu'en les réclamant... à l'éditeur !
Vous avez pensé "Y a un truc qui cloche, là, non ?" Alors, c'est que vous ignorez tout des merveilleux mécanismes réputés "légaux" qui régissent les rapports entre auteurs et éditeurs ; c'est-à-dire : qui permettent aux gentils éditeurs de se protéger contre les méchants auteurs.
Le seul recours strictement légal qu'un auteur a contre un éditeur malhonnête, c'est de prouver que deux (au moins) ventes de ses livres n'ont pas été honorées alors que le livre n'est pas épuisé. Quelqu'un peut-il m'expliquer concrètement comment on fait pour surveiller les trois mille librairies et douze mille points de vente de France et recevoir les témoignages des clients lésés ? Molt obrigado...

- Pour la deuxième année consécutive, les éditions de L'Aube ont "oublié" d'envoyer la reddition des comptes de mon roman Les Désamants (co-écrit avec Héléna Demirdjian), pour lequel ils ont d'ailleurs fourni un effort minimal en matière de diffusion. Ils ont pourtant eu plusieurs fois l'occasion de briller, dont une qui ne leur aurait rien coûté : en effet, le livre est sorti le 1er juin 2012, c'est-à-dire en pleine Comédie du Livre à Montpellier, ville où habitait ma co-auteur (moi-même ne me trouvant qu'à 40 km) ; un partenariat avec n'importe laquelle des librairies participantes aurait été simple comme de l'eau de roche ; ils n'ont même pas essayé. Encore mieux : le siège des éditions de L'Aube se trouve à 30 kilomètres de la ville de Manosque où se déroule chaque année le Festival littéraire des Correspondances ; comme son nom l'indique, celui-ci favorise la littérature de... correspondances. Or, Les Désamants est une... correspondance. Je la refais au ralenti ou ça va ? N'importe quel âne bâté aurait fait le rapprochement ; mais pas ceux de L'Aube. Ils ont préféré nous envoyer... chez Cultura, dans la banlieue de Marseille, un samedi avant les fêtes de fin d'année, sans la moindre publicité préalable ; la responsable de la maison (une étudiante à peine sortie de l'école, à qui nous avons donc servis de "cobayes") nous a laissés seuls au bout d'une heure, et la libraire a disparu une demi-heure plus tard.
Depuis : rien. Même pas de reddition des comptes ; ce qui est illégal.
On saisira encore mieux l'étendue de leur mesquinerie lorsqu'on saura que j'avais émis la velléité de faire figurer un portrait de George Bass à la fin du livre ; j'avais pré-rempli le formulaire de demande de droits d'exploitation auprès du musée australien qui en possède le seul exemplaire connu ; il n'y avait plus qu'à le remplir, l'envoyer par e-mail et payer le montant. L'éditeur a refusé. "Trop cher ?" pensez-vous. A vous de voir : la somme à débourser s'élevait à 44 $ australiens, soit une trentaine d'euros.
Vous avez pensé : "Mesquins... Minables..." ?

- Alors que j'étais invité à Lyon pour le Festival des Intergalactiques, le très admiré Mathias Échenay, directeur et fondateur des éditions La Volte, s'est approché de mon éditeur Davy Athuil (Le Peuple de Mü) pour lui dire, en souriant et après s'être présenté : « C'est moi qui ai voté contre l'adoption de ta société par mon groupe de diffusion. » Après quoi, l'air satisfait, il rejoignit sa clique.
De deux choses l'une : ou cet individu est conscient de la portée de ses actes – auquel cas il est urgent de le retirer de la circulation pour lui confier une besogne mineure digne de la bassesse de ses ambitions ; graisser les imprimantes au magasin du coin, par exemple – ou bien il en est inconscient, c'est-à-dire qu'il est incapable de distinguer les notions de bien et de mal, auquel cas il est urgent de le confier à une institution spécialisée où son comportement socio-pathologique ne pourra plus nuire à autrui.
Dans tous les cas, il est évident que le succès (relatif, puisqu'il s'agit de prestige plutôt que de fric) de sa "noble" maison lui est monté à la tête, et que son pouvoir (hélas, pas du tout relatif) le rend inapte à la conduite d'une activité professionnelle. C'est souvent ce qui arrive quand on porte une double-casquette : on travaille facilement du chapeau.
Vous avez pensé "Quel connard !" ?
Ajoutons (au cas où vous lui chercheriez un alibi), que les diffuseurs sont payés au pourcentage direct, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas perdre d'argent en diffusant un éditeur au catalogue modeste ; s'ils ne le font pas, ce n'est donc pas pour des raisons économiques, mais uniquement pour des questions de pouvoir, pour montrer qui est le chef, bref : pour étaler leurs testicules en se frappant le poitrail.

- Les nouvelles éditions Les Manuscrits Oroboros ont (peut-être sciemment, allez savoir) sabordé la sortie de mon roman policier-historico-libertin Fantaisie baroque, grâce à plusieurs ingrédients, tous rédhibitoires : incompétence tous azimuts, incompréhension forcenée, tentative d'ingérence, couverture lamentable (cf. ci-dessous), maquette déplorable et non professionnelle, le tout assorti d'une obséquiosité gluante digne de personnages secondaires dans une fresque pseudo-balzacienne qui n'aurait (heureusement) pas franchi le seuil du XIXe siècle.
Petit détail technique qui donne la pleine mesure de leur mentalité : n'ayant pas reçu mon Bon à Tirer par e-mail (lequel s'était égaré dans les méandres d'Internet suite à une défaillance de serveur), ces tristes clampins m'ont envoyé une... mise en demeure exigeant le Bon à Tirer, laissant des indices comme quoi ce serait mieux s'il était positif (tu m'étonnes !), au lieu de me donner... un simple coup de téléphone. En quatorze ans dans le milieu de l'édition française, je n'avais jamais été confronté à un comportement aussi mesquin, veule et puéril ; et pourtant, leurs désormais collègues n'ont jamais été en reste, comme vous le savez.
Vous avez pensé "Nuls... Amateurs... Crétins..." ?

C'est loin d'être terminé.

- Comme le prouve la reddition des comptes 2013 envoyée par actusf, au 1er janvier 2014, il restait 53 exemplaires de mon roman La Digitale en stock (passons sur le fait que je n'en ai été informé que le 11 juillet ; ce genre de retard est plus que coutumier dans l'édition, et si vous râlez là contre, non seulement on vous méprise, mais le retard suivant sera encore pire, voire éternel9) ; comme le prouve la capture d'écran que voici (datée du 24 janvier 2015), le site d'actusf prétend que le livre est épuisé.
De deux choses l'une : ou bien l'éditeur a fait pilonner les 53 ex. restants et a "négligé" de m'en avertir (ce qui constitue une violation de clause contractuelle) ou bien il ment ; ce qui constitue aussi une rupture de contrat, en plus d'une répugnante goujaterie.
J'ai eu depuis la preuve que les livres n'ont pas été pilonnés ; du moins, pas tous.
Hélas, ce n'est pas tout et nous passons maintenant à un stade "supérieur" d'incompétence.
Voulant obtenir des explications sur cet état de faits, j'ai envoyé une mise en demeure (en recommandé avec accusé de réception) au directeur de cette maison d'édition fort bien réputée (notamment par elle-même, grâce à son site Internet qui est à la fois un site de promotion et de critique littéraire, donc de copinage). La première difficulté fut de trouver son adresse postale ! En effet, le fichier .pdf contenant la reddition des comptes présente une adresse en pied-de-page (3 rue de la Banque, 73000 Chambéry) qui ne correspond pas à celle du site officiel des entreprises en Savoie (34 avenue des Bernardines, Chambéry) ; embarrassé, j'ai donc cherché confirmation sur les Pages blanches par Internet et suis tombé sur... une troisième adresse (15 Bd Vivier-Merle, 69003 Lyon) ! Comment savoir laquelle est la bonne ? La loi oblige une entreprise qui déménage à changer son adresse sociale, précisément pour s'assurer que le "responsable" recevra bien les courriers qui lui sont adressés. Fallait-il en déduire que l'adresse inscrite au registre des entreprises était la bonne ? C'est le pari que j'ai fait...
Et devinez quel fut le résultat ? Je vous le révélerai après lecture du courrier en question :
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à l'attention de Jérôme Vincent
directeur des éditions actusf
20 novembre 2014

Monsieur,
suite à plusieurs relances de ma part auxquelles vous n'avez répondu que par de vagues promesses dont aucune n'a été tenue, je ne peux aujourd'hui que constater le délitement de nos relations contractuelles.
Les redditions de compte que vous m'avez expédiées au cours des quatre années écoulées n'ont d'abord consisté qu'en e-mails d'une ligne pour les deux premières années, ensuite en tableaux pdf expédiés par e-mails, ne présentant que les quantités, non les répartitions sociales ; dans tous les cas, vos documents ne sauraient constituer des feuilles de paye dignes de ce nom, qui sont pourtant ce dont un auteur a besoin pour ses démarches administratives et que vous êtes tenu de lui délivrer par le Code de la Propriété intellectuelle.
En outre, la dernière action que vous ayez entreprise pour promouvoir mon roman La Digitale remonte à l'hiver 2010 (Festival Zone Franche de Bagneux), quelques jours après la sortie du livre ; depuis, vous n'avez strictement rien fait, allant même jusqu'à prétendre que le festival des Imaginales d'Épinal n'est "pas vraiment orienté vers la science-fiction" pour justifier de votre inaction, ce qui constitue un cas de mépris caractérisé (ou de désinformation ou de stupidité).
Vous saviez aussi, dès le début, que La Digitale n'est que la première partie d'un diptyque ; malgré son succès (450 ex. sur les 500 ont été vendus en deux ans) vous n'avez jamais envisagé de publier la seconde.
J'ai aussi, par e-mail daté du 14 juillet 2014, demandé à ce que vous emmeniez tout ou partie des exemplaires restants de La Digitale pour la 3e édition des Intergalactiques de Lyon où vous étiez présent et où j'étais invité (par un autre éditeur) ; ce que vous vous êtes bien gardé de faire, violant ainsi une nouvelle fois votre devoir éditorial d'exploitation permanente et continue.
Pire encore, il apparaît clairement sur le site web de votre maison d'édition que mon roman est à ce jour annoncé comme "épuisé", ce dont vous ne m'avez jamais informé, alors que vous y êtes contractuellement tenu (troisième violation). Le tirage initial ayant été de 500 exemplaires et la dernière reddition faisant état de 53 exemplaires restants, je me pose légitimement la question de savoir où est passée la différence. Si ces 53 ex. ont été pilonnés, vous étiez tenu de m'en informer dans un délai d'un mois ; si ce n'est pas le cas, vous commettez une quatrième violation des termes du contrat. Une réponse de votre part est plus qu'urgente à ce sujet.
Ajoutons à cela qu'à deux reprises vous avez émis l'idée de procéder à une seconde édition, promesse que vous n'avez pas tenue, si tant est que vous en ayez jamais eu l'intention réelle.

Il s'évince des éléments mentionnés ci-dessus (et de plusieurs autres, presque négligeables en regard de ceux-ci) que le contrat qui nous lie depuis le 22 décembre 2009 ne peut légitimement continuer à être éxécuté, étant donné les méthodes déloyales et insincères que votre maison d'édition pratique.
Dès lors, je vous informe qu'à compter du 22 décembre 2014, date anniversaire de la signature du contrat, je mets un terme définitif à ce dernier et retire aux éditions actusf le droit d'éditer, distribuer et diffuser mon roman La Digitale.
Je vous saurais gré de bien vouloir me faire parvenir une reddition des comptes complète, accompagnée de tous les documents afférents mis à jour et les éventuels versements restants dus, dans un délai de deux mois à compter de la première présentation de ce courrier recommandé. Faute de quoi, j'en tirerais toutes les conséquences de droit.

Vous souhaitant bonne réception de la présente, recevez, monsieur, mes salutations,
AB
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Apprenez donc que ce courrier recommandé m'a été renvoyé au bout d'un mois ; il avait été dévié par la Poste sur une... quatrième adresse : 45 chemin du Peney, Chambéry !
Vous avez pensé "Évasif... Fuyant..." ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises.
Non seulement le gérant-fondateur d'actusf n'officie pas à l'adresse indiquée, mais il n'est pas allé retirer le courrier recommandé dont il a été dûment avisé. Excellent moyen d'échapper à ses responsabilités (si on peut encore appeler ça ainsi).
Vous avez pensé "Lâche... Illégal..." ?
Il va de soi que je considère le contrat qui me lie à ce triste sire comme rompu, et que ce qu'il a à en dire ne m'intéresse pas, puisque sa parole ne vaut strictement rien. Le fait que ce soit lui et une poignée d'autres sbires de la même espèce qui fassent la pluie et le beau temps du milieu littéraire SFFF me vaudra certainement un enterrement de dernière classe ; ça ne me changera pas beaucoup.

PS : je pourrais ajouter une couche de merde supplémentaire à ce portrait craché d'éditeur médiocre et si typiquement franchouillard, mais la loi du silence fait taire le seul témoin qui me permettrait d'en garantir l'authenticité ; sachez donc que la vérité est encore plus puante. Et l'histoire est donc loin d'être terminée, puisque l'individu Vincent a répondu. Précisons toutefois que sa définition du mot "réponse" ne correspond pas forcément à ce que vous seriez en droit d'espérer, si vous avez été élevé par des êtres humains.

- En 2014, j'ai été contacté par un éditeur (La Matière noire) qui, intéressé par les articles lus sur mon blog Le Bazar impertinent, envisageait de publier Il était une mauvaise foi. Après plusieurs échanges par e-mail et quelques rencontres physiques apparemment prometteuses, le projet semblait bien parti (au point que j'avais rédigé une Profession de foi, destinée à apparaître en tête d'une revue qui avait pour but de soutenir la parution du pamphlet).
Au bout d'un an et demi de tergiversations, l'éditeur en question a.. disparu corps et âme. Aux dernières nouvelles, ses "chiens avaient rongé ses câbles Internet". C'était en février 2016.

- quant au Peuple de Mü, il lui a fallu moins de trois ans pour devenir comme ses nouveaux collègues (si tant est qu'il ne soit pas devenu comme eux exprès, pour s'en faire bien voir, ou parce que ceux-ci lui en ont intimé l'ordre tacite). Je ne sais s'il faut en tirer une règle sur le "métier" d'éditeur. Mais quoi qu'il en soit, en ce qui me concerne, la coupe est pleine.
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M. PROFESSION DEUX FOIS

Le texte suivant devait figurer en éditorial du premier numéro de la revue Equilibre qui aurait dû appuyer la publication de ce pamphlet.
Son éditeur putatif ayant disparu au champ d'honneur10, je le pose ici, in memoriam.
Profession...
Récemment, la notion d'objectivité a été effacée de la liste des qualités exigées de tout journaliste, liste établie par des membres éminents de cette profession. Sous prétexte que l'objectivité véritable ne saurait être atteinte - et qui oserait le prétendre ? -, elle a été rayée des consciences pour être remplacée par une subjectivité réputée assumée, porte ouverte à toutes les inepties. Ceux qui en doutent n'auront qu'à consulter en guise d'exemple la page "actualités" de Yahoo, afin de mesurer la nullité abyssale des sujets qui préoccupent ses rédacteurs.
Plus prudent, le monde de l'édition ne s'est jamais targué d'objectivité mais ses membres les plus éminents n'ont jamais tari d'éloges pour se congratuler mutuellement, mettant en avant leurs qualités supposées de : dénicheurs de talents, organisateurs de coups médiatiques, promoteurs de génie(s)... bref, "faiseurs" de littérature. Soutenus dans cette illusion prépubère par une classe politique croyant encore au prestige de l'écrit et à sa suprématie sur les autres formes d'art, les maîtres-encaisseurs de l'édition française prolongent l'agonie d'une culture moribonde qui prétend ignorer son cancer de l'âme en répétant tous les dix ans que l'art est mort, ce qui leur confère le droit de faire de la merde.
Exécuté par les pontifes du culte éditorial hérité du XIXe siècle industriel, ce sacrifice "permanent et continu" aux dieux du négoce a pour principales victimes les écrivains eux-mêmes, ainsi qu'un certain public devenu une masse informe de consommateurs fanatisés par les évangiles pavloviens de la publicité et de l'édition à la chaîne. Au XXIe siècle, l'édition littéraire est toujours une religion, vaguement re-liftée, dont les best-sellers sont les miracles brandis comme autant de "preuves" pour convertir les fidèles par millions. Les dévoreurs insatiables de Harry Potter, Dan Brown et autres Nuisances de Gris ne sont que les ouailles d'un culte néo-libéral qui a su tirer le profit maximal des techniques de manipulation de masse innovées au XXe siècle par des nazis, rendues honorables par Edward Bernays, et ridiculisées par.. personne à ce jour.
N'aurait-on pas perdu quelque chose d'important, entre deux guerres mondialisées ?
On a perdu ce qui disparaît quand la passion aveuglante est remplacée par la foi aveugle ; quand l'art inestimable est remplacé par la valeur marchande ; quand le récit mythique est occulté par la critique académique ; quand l'imaginaire individuel est escamoté par la reconnaissance universelle.. On a perdu ce qui s'évanouit quand la marque Star Wars réussit à faire croire à des millions de gens qu'elle est à la pointe de la science-fiction ; quand le messie Harry Potter fait croire qu'il révolutionne le fantastique ; quand Houellebec et Despentes font croire qu'ils écrivent vachement bien ; quand Apple et Microsoft font croire que, sans eux, l'informatique populaire n'aurait jamais existé ; quand les politiciens font croire qu'ils se soucient du peuple..
Il n'y avait pas de raison pour que l'évolution historique du monde de l'édition échappât à ce mouvement de mépris général. Si aujourd'hui, la part de bénéfice qui revient à l'auteur diminue sans cesse au point qu'elle va bientôt disparaître, c'est aussi parce que les éditeurs se prennent de plus en plus pour des artistes, persuadés par eux-mêmes que leurs paroles et leurs opinions ont de l'importance, oubliant de plus en plus que ce sont eux qui devraient être au service des auteurs, non l'inverse, et que les auteurs ne sont pas au service d'un public unifié et gérable, mais seulement les complices de gens encore capables d'éprouver un authentique désir.
Editeurs discrets, auteurs géniaux et public curieux sont en voie d'extinction ; à la place, on a désormais des gourous gestionnaires, des moines photocopistes et des brouteurs d'évangile.

..de foi ?
La dernière fois que j'ai entendu parler de foi sans connotation religieuse, c'était dans Citizen Kane11. En 1941, donc. Certes, je n'étais pas né, mais les œuvres d'art ont justement pour caractéristique d'être intemporelles, et de toujours avoir du sens, quel que soit le contexte.
"Foi" vient de l'ancien français feid, dérivé du latin fides, confiance. C'est le mot qui a donné fidélité, bien sûr, mais aussi féodal, terme qui résume le système politico-économique sur lequel repose tout le moyen âge européen12. Aujourd'hui, le mot "foi" désigne une croyance inébranlable en quelque chose qui ne peut se prouver. Récupérée par la religion, la notion de fides a perdu de vue l'importance de l'élément humain pour le remplacer par l'élément divin, réputé supérieur, ineffable, digne de sacrifice, etc., bref, la pierre de touche d'un monde transcendantal censé susciter la meilleure part de chacun ; comme si quelqu'un qui tue au nom d'un dieu était meilleur qu'un autre qui tue en son nom propre, et comme s'ils étaient tous deux meilleurs que quiconque. Résumons mille ans d'obscurantisme : la parole divine a dévalorisé (voire dévalué) la parole humaine, tout comme l'écrit religieux a peu à peu détruit la culture orale et la subjectivité de chaque conteur pour en suppléer l'évangile, cette parole écrite réputée immuable, garantie par une autorité prête à tuer pour imposer sa lecture unique à des consciences multiples.
Cet appauvrissement mental doublé d'un asservissement moral continue aujourd'hui à régner sur le monde de l'écrit ; fanatiques massacrant au nom de l'interprétation de leurs maîtres, simples obstinés ne jurant que par la littérature blanche ou par les classiques ou ne lisant jamais de romans "parce que ce n'est pas sérieux", les bigots de toute chapelle existent lourdement, infligeant leurs normes à ceux qui se voudraient libres grâce aux livres. A tous les livres.
Les suzerains de l'édition imposent leurs lois scélérates, leurs goûts étriqués, leurs pratiques abjectes, leurs opinions surannées et académiques, à une population assommée qui, tout désir enfoui, n'a même plus conscience de ses propres talents, les étouffant elle-même dans l'œuf ou, au mieux, cherchant à les faire ressembler à ce qui existe déjà dans l'espoir d'être reconnu le plus tôt possible.
Il est pourtant évident que pour être reconnu, il faut être déjà connu, donc ne rien dire de neuf. C'est ce qui explique que la plupart des artistes qui parviennent à vivre de leur art ne sont que des perroquets ou des ânes, des singes ou des linottes, des chiens ou des chats, bref, des animaux de cirque et de compagnie, pérorant à foison dans les microphones que leur tendent des journalistes à mémoire courte et fiers de leur subjectivité assumée, répandant un discours prévisible et creux dans les consciences en voie d'extinction d'un public toujours plus retiré en lui-même, enfermé chez lui, rivé devant des écrans de surveillance déguisés en fenêtres-sur-le-monde, séparé du monde réel.
Le livre est un objet libre. Les fanatiques sont faciles à reconnaître : il y a toujours un livre qui leur fait peur.

Profession : profession
Mon vrai métier, c'est musicien ; sinon, je suis pion dans un collège.
Antoine PUAUX, du groupe Narrow Terrence

Depuis les années 1980, l'enflure égotiste des éditeurs13 est allée de pair avec l'augmentation de leur part de revenus (entraînant l'effondrement des revenus de l'auteur), de leur collusion avec les distributeurs-diffuseurs, ces obscurs médiateurs promus littérateurs par des décennies de mercantilisme, le tout grâce à la complicité de pouvoirs publics émasculés et asservis à des causes de plus en plus douteuses, invisibles et lointaines.
Le seul moyen de les remettre à leur place serait de les contraindre à appliquer le principe "Gavte la Nata", selon l'expression lombarde évoquée par Umberto Eco dans Le Pendule de Foucault, signifant qu'ils feraient mieux de s'ôter le bouchon du trou du cul afin de désenfler et de retrouver des proportions humaines. Hélas, il est à craindre qu'ils ne le feront jamais d'eux-mêmes et qu'il serait bien plus efficace de leur crever la panse. Littéralement.
La répartition des revenus devrait être de 25 % pour chacun des acteurs principaux de la chaîne du livre : l'éditeur, le diffuseur-distributeur, le libraire et l'auteur. C'est cela qui serait normal ; c'est cela qui devrait être ; c'est cela qui doit être. Si les éditeurs estiment qu'ils sont pris à la gorge par les diffuseurs, n'est-il pas étrange qu'ils s'acharnent sur les auteurs plutôt que sur les responsables qu'ils sont correctement identifiés ? Tout argument en faveur d'un déséquilibre de cette formule est aussi intéressé qu'hypocrite, et ne peut qu'entraîner confusion, mépris et haine larvée.
Dans ces pages, j'expliquerai comment la littérature d'aujourd'hui est toujours soumise aux lois de l'ancien régime féodal. Je montrerai comment une telle abjection a été rendue possible par la lâcheté de ceux qui maintiennent un état de guerre permanent ; je décrirai en détail les méthodes réelles pratiquées par les monstres increvables de l'édition néo-libérale ; je mesurerai la distance qui sépare leurs discours publics de leurs aspirations réelles ; je tâcherai, en me distrayant aussi, d'éviter de sombrer dans l'abîme d'ineptie qu'est leur univers mental ; enfin, si j'ai survécu jusque-là, je m'efforcerai de dégager des solutions, existantes ou potentielles, d'imaginer des ailleurs et des autrement.

La passion, voyez-vous, peut être détruite par un docteur. Elle ne peut être créée.
Peter SHAFFER, Equus

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En ce qui concerne le cheval dont parlait le proverbe, figurez-vous que je l'ai bouffé puisque je n'avais rien d'autre ; du coup, je ne me suis pas enfui. Je n'ai pas non plus l'intention de me suicider de désespoir pour faire jouir de sinistres petits malfrats qui se prennent pour des barons de la haute-bourgeoisie en se grattant les parties. Je continuerai donc à présenter ici le vrai visage de ces "faiseurs de littérature" et je le ferai jusqu'à ce que les choses changent, c'est-à-dire jusqu'à ce que le public sache enfin distinguer un vrai éditeur d'un salopard ou d'une demeurée.
Je vous donne ici quelques indices : le vrai éditeur respecte sa parole, respecte les termes des contrats qu'il signe, respecte la volonté et tous les droits de ses auteurs, respecte la loi, ne prend pas le public pour un ramassis d'abrutis, ne fait pas passer ses collègues et amis en priorité devant ses auteurs, sait faire la différence entre un ouvrage à succès artificiel et un spontané, lit les livres jusqu'au bout, ne cherche pas forcément à "fabriquer un best-seller", corrige ou fait corriger ses fautes, répond quand on lui parle, etc.
Ce qui élimine 99 % d'entre eux. Faites le calcul : il y a en France au mieux une cinquantaine d'éditeurs dignes de ce nom. Si seulement ils pouvaient se regrouper en une coopérative, par exemple, ou utiliser un simple label, ce serait tellement plus pratique.. et les auteurs français pourraient enfin espérer vivre de leur plume.

Ça, c'étaient les quinze secondes d'utopie gratuite..

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N. ET MERCI pour le poisson pas frais..

Être écrivain, c'est : 10 % écrire ; 20 % relire et corriger ; 30 % chercher, réfléchir et rêver ; 40 % affronter des éditeurs (leur expliquer leur travail, leur rappeler leurs promesses et leurs devoirs, subir l'exercice de leur terreur, détourner leurs superstitions, se ronger les sangs pour ne pas leur péter la tronche..)
MÉZIGUE

J'ai donc décidé d'arrêter d'écrire. Ou plus exactement de publier. Ou plus exactement de prétendre vivre de mes écrits. Ou plus exactement de me battre contre des éditeurs incompétents, malhonnêtes, mesquins, hypocrites, lâches, exploiteurs, méprisants... bref, mafieux ; ainsi que contre un État malfrat qui crache directement à la gueule de ses artistes, que ce soit en promulguant la « loi sur les livres indisponibles » ou encore, en déclarant « c'est l'éditeur qui fait la littérature » et autres scélératesses impardonnables.
Bien sûr, n'étant pas comme ces gens, je vais tenir parole en terminant les projets en cours (Les Vicariants, La Sagesse des Piliers, Voyageurs éperdus et la collection Adynata) avec les éditions Le Peuple de Mü ; pour la bonne raison que c'est la seule maison d'édition compétente et respectueuse que j'aie rencontrée jusqu'à présent14. Toutes les autres m'ont au moins déçu, laissé tomber, mis des bâtons dans les roues, méprisé, fait chier, manqué de respect, trahi, trompé, volé, etc. Certaines l'ont fait plus que d'autres, et deux au moins ont saboté des projets dont j'étais à l'origine. Toutes ont, à un moment ou un autre, « oublié » leurs devoirs éditoriaux envers moi.
Je n'ai pas la moindre intention de me battre contre ce système féodal digne de l'Ancien régime, celui qui a fini la tête dûment tranchée. D'abord parce que ses partisans ont pris soin de m'ôter tout moyen de le faire ; ensuite parce qu'en les combattant, je deviendrais comme eux.
J'ai démontré dans les chapitres d'Il était une mauvaise foi les mécanismes mentaux proprement ineptes, voire démentiels, qui poussent ces individus à se croire justifiés dans leurs agissements veules et inconséquents. Ils ont du pouvoir donc ils s'en servent, sans le moindre discernement. Ne parlons pas d'intelligence, cette notion ne leur est pas familière ; quant à la sagesse, c'est une entité extra-terrestre qui n'a aucune place dans l'occupation d'éditeur. N'oublions jamais qu'il ne s'agit pas d'un métier (c'est-à-dire un domaine où il est possible d'exceller grâce au labeur et à l'expérience), c'est un loisir d'élite érigé en négoce par une poignée de riches roturiers cherchant à se faire bien voir du pouvoir royal restauré aux alentours des années 1830/50 et qui ont ensuite consolidé leur pouvoir immérité sous un empereur syphilitique et dégénéré. En clair : de bien tristes parvenus.
Pourquoi les 4.000 éditeurs francophones qui se partagent 30 % du chiffre d'affaires global de l'édition ne s'unissent-ils pas contre les 200 qui se gavent des 70 autres % ? Je l'ignore. Peut-être que la politique du « diviser pour mieux régner » fonctionne mieux dans ce milieu que dans les autres. La structure inter-clanique voire endogamique du monde éditorial s'y prête particulièrement. La métaphore féodale peut s'y filer très loin. A vrai dire, c'est aussi l'un des derniers milieux (avec les partis politiques racistes) où l'on utilise le mot « nègre » sans sourciller15. Les libraires en sont les métayers, qui s'en tirent difficilement (à condition de plier l'échine) et les auteurs en sont les serfs, dont la seule liberté consiste à crever la gueule ouverte et surtout muette.
En quinze ans dans ce « milieu » suranné, je n'ai donc jamais rencontré d'éditeur qui fût capable (encore moins désireux) de respecter un auteur non rentable. Tous les considéraient comme corvéables à merci.
Exemples entendus : « Il vaut mieux que tu fasses les corrections toi-même ; avec la crise, on n'arrive plus à trouver de bonnes correctrices, de nos jours. »
« Je vous certifie que le coefficient de foisonnement entre l'anglais et le français est de 0 % ; si votre traduction a plus de mots que l'original, c'est qu'elle est mal écrite. Recommencez. »
« Voici la couverture de votre livre ; c'est l'œuvre d'un dessinateur certes amateur mais très enthousiaste. Nous déplorons le manque de délai, qui ne nous a pas permis de vous en proposer plusieurs, mais nous sommes certains que celle-ci vous apportera entière satisfaction. Non, ce n'est pas une esquisse ; pourquoi ? »
Ad nauseam.
Le menu fretin est devenu la manne gratuite et inoffensive bonne à jeter en pâture au public. Et « le » public est toujours cette vague entité à cerveau réputé unique que ces éditeurs sont intimement convaincus de connaître jusque dans ses moindres réactions. Sauf quand ils se trompent, bien sûr, auquel cas c'est forcément la faute du public, jamais la leur.
Le plus triste, c'est qu'ils ont parfois raison. Relativement. Il existe en effet un certain public prévisible, orientable, manipulable ; aux goûts prédéterminés, que l'on peut ajuster, comme une machine à cadrans. A vous de savoir si vous en faites partie ; à vous de savoir si vous choisissez les livres que vous lisez en toute liberté de conscience ou si vous ne faites qu'obéir à la loi du marché, donc à des ordures masquées érigées en saints patrons par des hordes de publicistes décérébrés.
Depuis les années 1980, la loi du marché littéraire a décidé que les distributeurs (c'est-à-dire les comptables-magasiniers qui gèrent les stocks de livres et les mettent dans des cartons) devaient devenir les nouveaux maîtres de la littérature. Personne n'ayant songé à les arrêter, ils le sont effectivement devenus. Ils avaient l'argent et la situation-clé ; ils les ont investis (économiquement et militairement), les ont fait fructifier à coups de « produits commerciaux », et sont désormais indéboulonnables, puissants et inconnus du grand public, lequel continue à baver d'admiration devant une poignée de brontosaures grabataires, savamment maintenu dans l'ignorance de leur rôle, de leur influence, de leur malignité.
Les pires de tous sont ceux qui opèrent sur les deux tableaux, portant deux casquettes. Car certains éditeurs (qui sont toujours mieux informés que les autres membres de ce milieu16) ont su prévoir l'évolution « historique » de la situation et se sont placés en positions dominantes, à des postes-clés. Ils règnent maintenant sur la République des Lettres, qui n'a de républicaine que l'aura de sa réputation cacochyme.

Je suis un anarchiste qui ne pose pas de bombes. Je suis donc sans arme face aux pauvres types et aux femmes sinistres qui agissent en toute connaissance de cause, en parfaite mauvaise foi, sachant pertinemment que jamais je ne m'abaisserai à leur faire ce qu'ils me font, et qu'ils font précisément parce qu'ils se savent à l'abri ; ce qui est la définition même de la lâcheté. Lâcheté qu'ils appellent leur honneur, ce qui tue dans l'œuf tout espoir de les révoquer, de les amender, de les convaincre de leur iniquité fondamentale. Leurs esprits médiocres et limités se réconfortent mutuellement, délaissant volontiers l'exercice de leur conscience à celui de l'esprit de clan, celui-là même qui précède tous les despotismes.
Le public les laisse faire par ignorance, la Loi les laisse faire par complicité, les libraires les laissent faire par étouffement et les auteurs les laissent faire par impuissance ou tout simplement parce que ce n'est pas leur rôle. Et c'est ainsi que rien ne change au pays de la "bonne réputation".
Quelques auteurs, peu nombreux et clairsemés, réussissent à survivre malgré tout ; malgré le mépris, la haine et la jalousie, malgré la misère savamment entretenue ; malgré le désert culturel, intellectuel et spirituel qui grandit autour d'eux et les éloigne de plus en plus les uns des autres. De moins en moins nombreux (presque tous enseignants ou journalistes), ils s'abreuvent à la seule source encore disponible aujourd'hui : celle des autres livres, c'est-à-dire des livres autres.
Rétamons en passant l'illusion de communication libre et gratuite qu'est censée être Internet. D'abord, ce n'est qu'un gouffre sans fond où toute efficacité se dilue dans la mélasse pixelisée ; ensuite, comme tous les outils sophistiqués transformés en instruments de pouvoir, seuls en profitent ceux qui savent s'en servir et appliquent la même et sempiternelle mentalité d'araignée au centre de sa toile. Cette "solution" est infime et parcellaire, pour ne pas dire partiellement infirme.
C'est toujours dans ses livres que se rencontre un auteur ; encore faut-il qu'ils réussissent à se faire publier, contre vents et marées, donc contre bêtise et préjugés, contre omertá et loi du marché, contre norme et médiocrité ; autant dire rarement et mal. Et c'est cette vigilance qui est, en fin de compte, aussi fatigante que le régime de survie imposé à l'écrivain insoumis ; car elle s'amenuise avec l'âge, le manque de moyens et l'absence (concertée ou non) de reconnaissance.
De nos jours, la principale raison pour laquelle quelqu'un achète un livre, c'est pour l'avoir vu dans un palmarès de meilleures ventes, ce qui revient à obéir à l'injonction de l'acheter ; preuve irréfutable que la vigilance intellectuelle est à l'agonie, que le confort intellectuel règne en maître sur les consciences avachies, et que la médiocrité et l'innocuité sont devenues les vraies normes du talent. La preuve : on rencontre régulièrement des gens intelligents et cultivés qui trouvent que "Houellebecq et Despentes écrivent vachement bien".
Bien sûr, il m'arrive de me sentir rasséréné lorsque je croise la route d'un « vrai » lecteur, qui me communique son plaisir à (me) lire, mais ces rares rencontres ne se produisent guère que pendant les derniers « salons où l'on cause », et ceux-ci sont de moins en moins nombreux, en plus du fait qu'on y croise toujours les mêmes trombines, celles des « meilleurs-vendeurs » (pour traduire correctement le terme « best-seller »).
En détruisant la forme pyramidale du monde des lettres, en le purgeant de ses méthodes féodales révoltantes, en permettant à un nombre plus important d'auteurs originaux de vivre décemment... les exploiteurs seraient enfin remis à leur place, ou encore mieux : remerciés définitivement et sans le moindre regret ; et les bons éditeurs se remarqueraient enfin au lieu d'être noyés dans la fosse à purin savamment entretenue par les plus merdeux d'entre eux.
Mais qui la détruira, cette pyramide ?

Sur ce, je vous tire ma révérence.

Post-scriptum :
Les mots qui précèdent, écrits avant le 7 janvier 2015, sonnent creux, aujourd'hui. Ils n'ont, en tout cas, pas la résonance qu'ils avaient pour moi au moment de les écrire. On m'objectera que ma situation est loin d'être aussi grave que celle de la liberté d'expression de notre pays désormais renvoyé manu militari aux temps des guerres de religion.
Au contraire, je considère que cela participe du même problème, celui de la possibilité de vivre décemment, librement, pleinement, de, par et pour ses idées ; c'est-à-dire contre des imbéciles, des ignares, des salopards et des prêcheurs tarés. Si les éditeurs médiocres ne sont certes pas des psychopathes qui se masturbent grâce aux vibrations d'une Kalachnikov, si les critiques littéraires ne jouissent pas concrètement du sang qui gicle de plaies ouvertes, si les journalistes complaisants ne font pas la pluie et le beau temps à l'aide d'une vraie machette, tous sont pourtant des censeurs et des intrigants, des étrangleurs de souffle nouveau, des étouffeurs de talents, des marchands de merde idéologique, des destructeurs d'originalité, des écraseurs d'idées, des plieurs d'échine, bref des ayatollahs de pacotille qui distribuent leur fatwa au gré de leurs caprices morveux, et ce sans la moindre opposition véritable. Ils restent en place parce qu'ils savent que la seule arme que leurs adversaires auront la décence d'utiliser contre eux, ce sont les mots ; précisément ces mots que les gens comme moi ne peuvent plus rendre publics sans risquer d'en crever – que ce soit de misère, de mépris ou de barbarie.
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O. Bibliographie


Normand BAILLARGEON : Petit cours d'auto-défense intellectuelle (Lux, 2006)
Olivier BESSARD-BANQUY : L'industrie des lettres (Agora-Pocket, 2009)
Henri-Frédéric BLANC : Nuit gravement au salut (Actes Sud, 1998)
Belinda CANNONE : Le sentiment d'imposture (Folio essais, 2005)
Thierry DISCEPOLO : La trahison des éditeurs (Agone, 2011)
Isabelle DIU & Elisabeth PARINET : Histoire des auteurs (Perrin, 2013)
Axel HONNETH : La société du mépris (La Découverte, 2006)
Pierre JOURDE : La littérature sans estomac (L'esprit des péninsules, 2002)
Claire JULLIARD : Les scandales littéraires (EJL, 2009)
Bernard LAHIRE: La condition littéraire (La Découverte, 2006)
Alberto MANGUEL : Dans la forêt du miroir (Actes Sud, 2003)
Gérard MENDEL : Une histoire de l'autorité (La Découverte, 2003)
Frédéric ROUVILLOIS : Histoire des best-sellers (Flammarion, 2010)
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1 Comme tout le monde, vous me direz ; oui, mais la différence, c'est que lui, il l'annonce d'emblée. Appelez ça une forme de sincérité désarmante, si ça vous chante.
2 Non pas qu'il soit docteur, mais afin de rendre hommage à un personnage du film Les 5000 doigts du Dr T., auquel il ressemble par ses aspects les plus repoussants (encore que celui du film soit bien meilleur chanteur et danseur).
3 C'est typiquement le genre d'excités auquel Patrick Dewaere pourrait dire, en le regardant dans les narines : "Putain, toi, tu devrais fermer ta gueule plus souvent ; ça nous ferait des vacances !"
4 Et vous voilà obligés de vérifier la définition du mot "dithyrambique" dans le dico !
5 Curieusement, il ne mentionne pas la quatrième personne présente. Pour protéger qui ? Ou pour lui signifier qu'elle n'a aucune importance ?
6 Quelques jours après cette rencontre hystérique, j'ai croisé un représentant de ce nouveau lectorat rampant ; quelqu'un qui estime que la langue doit évoluer en se gavant d'anglicismes débiles, qui ne voit pas où est le problème, qui hausse les épaules et lève les yeux au ciel quand on tente de lui faire comprendre que son cerveau est autant parasité que son estomac. Bref : un parfait petit soldat de la néo-Kultur.
7 Quand il téléphone, il commence par "Allô ? C'est... euh... C'est T." Ah, ouais ? Dans ce cas, je suis Marc Dorcel en tongs dans ta cave !
8 Lequel est partagé (c'est-à-dire déchiré) entre le groupe Arnault, la Société générale, le Crédit agricole et l'investisseur états-unien Colony Blue, qui fait dans les casinos à Las Vegas et est donc l'héritier des mafieux de Chicago et de Los Angeles.. Quand je vous disais que Scorsese n'était pas loin ! Entre parenthèses, le fait que Carrefour soit constamment en déséquilibre du fait de ses dissensions internes veut dire que tout projet financé par le Dr T. peut capoter faute de crédits à n'importe quel moment. Va t'investir dans ce panier de requins, mon frère !
9 Petit barème temporel (pour bien comprendre le langage des éditeurs) : quand un éditeur vous dit demain, cela veut dire la semaine prochaine ; la semaine prochaine veut dire le mois prochain ; le mois prochain veut dire l'année prochaine ; et l'an prochain veut dire... jamais. (Et "je n'ai pas reçu ton e-mail" veut dire "je l'ai mis à la corbeille par erreur et je n'assume pas").
10Dernière communication de sa part : "Mes chiens ont bouffé les câbles Internet."
11 Lorsque Jedediah Leland (Joseph Cotten), écœuré par la trahison de son ami Charles Kane (Orson Welles), refuse de faire l'éloge de l'épouse de ce dernier, respectant ainsi la profession de foi qu'ils avaient rédigée ensemble lors de la reprise du journal.
12 N'oublions pas que la moitié des "démocraties" européennes sont des monarchies déguisées.
13 Singeant celle des entreprises néo-libérales, telles qu'elles sont décrites dans le documentaire The Corporation, qui démontre que l'économie mondiale repose sur des entités inhumaines (au deux sens du terme).
14 Raté. Le 31 décembre 2016, j'ai mis fin à ma "collaboration" avec cette maison devenue comme les autres. Seul le projet Vicariants continue, parce que c'est un collectif et qu'il n'est pas terminé, puisque l'éditeur a pris un an et demi de retard sur sa confection. J'ai aussi récupéré l'ensemble de mes droits sur toutes mes publications, sans autre forme de procès. Y aurait beau voir..
15 Même s'il est de plus en plus remplacé par "ghost writer", ce qui fait évidemment moins raciste. Mais ce n'est qu'un snobisme à la place d'un autre.
16 Je n'ai jamais découvert comment on obtient les droits d'exploitation d'une traduction ; ceux-ci s'achètent aux enchères, mais à qui ? Comment ? Où ? Mystère savamment entretenu, puisque même certains éditeurs (petits, donc pas dangereux) l'ignorent.

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